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Nouvelles guerres

espionnage

Lorsque l’on évoque les services secrets, on se projette immanquablement dans un film de James Bond, un roman de John Le Carré, ou une série d’espionnage de Netflix. Un monde où les intrigues se nouent à Berlin, Moscou, Washington, Le Caire ou Damas. Et on imagine cet univers mystérieux, parfois inquiétant, se déployer en parallèle à notre quotidien, inaccessible, réservé à un aréopage d’agents surdoués. Pourtant, la réalité est bien différente et il suffit pour s’en convaincre de voir les petites annonces que postent, depuis déjà plusieurs années, les services secrets français sur les plateformes numériques comme LinkedIn pour recruter les agents qui travailleront par exemple au sein de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE).

Pour faire face aux nouvelles menaces qui ciblent la France, la DGSE – qui n’hésite d’ailleurs pas à convoquer l’imaginaire populaire du monde de l’espionnage dans des vidéos promotionnelles – recrute en effet quelque 600 à 1 000 personnes chaque année dans rien moins que 300 métiers. Que l’on soit sans diplôme ou titulaire d’un doctorat, on peut ainsi correspondre à des postes à pourvoir. Car aujourd’hui plus que jamais, la DGSE doit se muscler et a notamment besoin de mathématiciens, d’informaticiens, de spécialistes du « Big Data » ou de l’intelligence artificielle pour écouter, décrypter, analyser les communications et les flux numériques, et comprendre ce qui se joue dans le monde pour pouvoir protéger la France et les Français. La loi de programmation militaire 2024-2030, adoptée au Parlement en juillet, l’a d’ailleurs bien intégré, qui va dédier 5 milliards d’euros au renseignement et à la contre-ingérence.

Dans un monde numérisé à l’extrême, avoir le bon renseignement au bon moment est, en effet, capital pour contrecarrer les menaces, offensives numériques et ingérences étrangères, qui tentent particulièrement de déstabiliser les démocraties, comme le montre le dernier livre de l’historien David Colon « La guerre de l’information » (Ed. Tallandier). Si, en matière d’ingérences, la Russie est bel et bien la menace la plus importante pour la France, la Chine n’est pas en reste, comme l’a montré il y a deux ans déjà l’imposant rapport de l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire sur « Les opérations d’influence chinoises » de Paul Charon et Jean-Baptiste Jangène-Vilmer. Les menaces peuvent aussi venir de pays amis, on se souvient du scandale de la NSA américaine qui a espionné des dirigeants européens ou du logiciel Pegasus utilisé par plusieurs pays pour pirater les smartphones de journalistes ou de chefs d’État comme Emmanuel Macron.

Ce dernier est d’ailleurs très sensibilisé au sujet lui qui, candidat à l’Elysée, avait été victime d’une cyberattaque. Face à la guerre informationnelle, hybride et complexe, aux nouveaux champs de conflictualité dans le cyber et le spatial, le président de la République a promis en novembre 2022 que « nous ne serons pas les spectateurs patients de cette évolution. »

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 1er octobre 2023)

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