Plus de cinquante ans après l’exploit d’avoir amené un Homme à poser son pied sur la Lune – ce petit pas pour l’homme mais ce pas de géant pour l’humanité accompli le 21 juillet 1969 par Neil Armstrong – la NASA se prépare à retourner sur notre astre le plus proche. Dans quelques mois désormais voire quelques années, le programme américain Artemis, qui fédère quelque 29 États dont la France, permettra à un équipage d’être en contact avec la Lune, avec le projet à terme d’y établir une base lunaire qui constituerait l’étape essentielle de plus lointains voyages, en premier lieu vers Mars.
Après la dernière mission de la NASA, Apollo 17 le 7 décembre 1972, la Lune ne semblait plus être la priorité des agences spatiales. D’autres enjeux avaient émergé, d’autres priorités, d’autres ambitions aussi : l’exploration des confins de notre système solaire, la meilleure connaissance de comètes ou de la planète Mars ont mobilisé des dizaines de missions.
Dans les années 90 pourtant, la NASA lance deux petites missions (Clementine en 1994 et Lunar Prospector en 1998) qui vont réamorcer l’intérêt pour la Lune, dont on sait qu’elle n’a pas révélé tous ses secrets ni tout son potentiel géologique. Dès lors, les missions exploratoires se multiplient et s’enchaînent à un rythme soutenu avec un double objectif cette fois, scientifique bien sûr mais aussi économique. Car si la Lune est protégée par le Traité de l’Espace de 1967, elle ne l’est pas par le Traité de la Lune de 1979 qui voulait restreindre l’exploitation de ses ressources naturelles par un seul pays. Ce traité n’a été ratifié par aucune grande nation spatiale…
L’exploitation des ressources lunaires est ainsi devenue le moteur de nouvelles ambitions, à commencer par celle de Donald Trump qui, en 2019, annonce le retour de l’Homme sur la Lune, martelant au passage que « l’Amérique sera toujours la première dans l’espace ». Car cette reconquête de la Lune est aussi une féroce compétition entre la NASA et ses partenaires comme l’agence spatiale européenne, les nouvelles nations spatiales que sont la Chine, l’Inde ou les Émirats arabes unis et toutes ces entreprises privées du « new space », ce nouvel espace dont Elon Musk, avec Space X, est la figure de proue, lui qui rêve de coloniser Mars.
En attendant d’habiter sur la planète rouge, il faudra d’abord construire une station spatiale puis une base lunaires qui assureront une présence permanente. Les défis pour y parvenir sont de taille, de la construction d’une telle base à la façon dont ses habitants vont pouvoir y vivre et y travailler.
Les plus optimistes des experts pensent qu’une première colonie de six à dix personnes (scientifiques, ingénieurs, techniciens) pourrait s’installer sur la Lune d’ici 2040. À terme, un millier d’hommes et de femmes pourrait fouler le sol lunaire en 2050 et s’endormir au clair de Terre...
En espérant que d’ici là, cet objectif Lune ne nous aura pas fait oublier de prendre soin de la Terre, qui va endurer ces prochaines années les effets du réchauffement climatique.
(Editorial publié dans La Dépêche du dimanche 28 octobre 2023)