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La candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet à la primaire de la droite et du centre est singulière et atypique à bien des égards. Singulière car «NKM» est la seule femme de cette compétition très masculine et il s'en est fallu de peu que celle que d'aucuns appellent «l'emmerdeuse» ne puisse pas parvenir à réunir les parrainages nécessaires. La prise de conscience in extremis du message catastrophique qu'aurait envoyé auprès de l'opinion une primaire entre hommes lui a permis d'afficher sur le plateau de TF1 jeudi dernier son éclatante robe rouge et, surtout, ses convictions qui détonnent dans sa famille politique.
Car la députée de l'Essonne, qui débuta sa carrière politique auprès de Jacques Chirac, cultive sa différence. Ambitieuse – mais qui ne l'est pas en politique ? – parfois cassante selon certains collaborateurs ou adversaires, l'élégante quadragénaire ne craint ni les polémiques (sa photo avec des SDF durant les municipales à Paris) ni les coups bas venant de sa propre famille politique, qui la voit comme la candidate des bobos. C'est que cette polytechnicienne qui ne rate jamais une occasion de rappeler qu'elle a servi dans la Marine, n'hésite pas à naviguer à contre-courant. Sur l'écologie et le numérique qu'elle explora comme ministre non sans succès. Sur sa conception de la laïcité et des valeurs républicaines qui lui fit critiquer le «ni-ni» de Nicolas Sarkozy face au FN, ce qui lui coûta son poste de N°2 du parti. Enfin, sur les questions de société. Sur tout cela, Nathalie Kosciusko-Morizet la frondeuse porte incontestablement la voix d'une droite moderne, mais minoritaire. Derrière son slogan «Nouvelle société, nouvelle France», NKM entend bien incarner cette nouvelle droite.
(Publié dans La Dépêche du 18 octobre 2016)