Photo Guillaume Paumier |
Grave d'abord du point de vue la justice. José Bové a été condamné en France pour certaines de ses actions-chocs contre la malbouffe ou les OGM. Mais il a depuis purgé ses peines. Et l'idée que l'on se fait de la justice, en France comme certainement au Canada, devrait empêcher que l'on reproche perpétuellement à un homme ses condamnations.
Grave, ensuite, du point de vue politique. Alors que le premier ministre canadien Justin Trudeau se fait le chantre de nouvelles pratiques démocratiques, ne seraient autorisés à s'exprimer sur l'Accord de libre échange que les partisans de ce texte controversé ? Curieuse conception du débat public et de la liberté d'expression, surtout quand José Bové, qui est plus qu'un citoyen ordinaire ou un militant engagé, est aussi parlementaire européen.
Cette affaire est, enfin, symptomatique de ces traités internationaux, négociés en catimini, presque en cachette loin des citoyens ou de leurs représentants, comme si la transparence était vécue comme un frein au lieu d'une chance. "La démocratie a (...) besoin, pour s'épanouir, d'un climat d'honnêteté. Mais l'honnêteté suppose la liberté de choix, que la terreur nie." Justin Trudeau devrait méditer cette analyse d'un ancien premier ministre canadien, son père Pierre-Elliot...
(Publié dans La Dépêche du 13 octobre 2016)