Photo: Raul Mee (EU2017EE) |
D’un côté, il y a « Bruno le renouveau », un quadragénaire brillant qui veut bousculer sa famille politique au fonctionnement très conservateur. C’est que depuis qu’il est arrivé en 3e position lors du calamiteux scrutin pour la présidence de l’UMP en 2014, le député de l’Eure s’est senti pousser des ailes. La suppression de l’ENA, la réduction drastique du nombre de sénateurs et de députés font partie de ses propositions pour en finir avec un système – l’ancien régime dit-il – selon lui à bout de souffle. « Si vous voulez que tout continue comme avant, vous avez tout ce qu’il faut sur ce plateau », a-t-il lancé crânement lors du premier débat télévisé.
Mais il y a aussi l’autre face de Bruno Le Maire. Celle d’un énarque, normalien, remarqué par Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Celui d’un technocrate capable de rédiger un pavé-programmme aride de plus de 1000 pages, dont les mesures socio-économiques s’inscrivent dans la doxa ultralibérale la plus dure avec ses « jobs rebond » payés 5€ de l’heure. Celui d’un père de famille à l’image un peu «coincée » qui s’engaillardit à parler « djeuns » ou à tomber la cravate, mais qui précise lire Goethe en allemand avant de se coucher.
« La vérité du pouvoir ne se trouve ni dans sa conquête, ni dans son bilan : la vérité du pouvoir est dans son exercice », écrivait Bruno Le Maire dans « Jours de pouvoirs », le journal de son expérience de ministre de l’Agriculture.
Et on sent bien que celui qui se rêve faiseur de roi à droite, s’il n’acceptera pas d’être Premier ministre, ne saurait dire non à un ministère…
(Publié dans La Dépêche du 22 octobre 2016)