Accéder au contenu principal

Notre richesse

fortBrescou
Vue de l'île et du fort de Brescou depuis la jetée du Cap-d'Agde. Photo Spedona


À l'heure où la Française des jeux est en passe d'être privatisée, le lancement hier de deux nouveaux tickets de grattage en faveur de la Mission Bern pour la restauration du patrimoine en péril, la renvoie à ses fondamentaux, à savoir contribuer à financer une grande cause d'envergure nationale. Créée en 1976, la Française des Jeux, en effet, est l'héritière de la Loterie nationale qui vit le jour en 1933 afin de venir en aide aux invalides de guerre, aux anciens combattants et aux victimes des calamités agricoles.

85 ans plus tard, la «loterie» - poule aux œufs d'or avec ses 15,1 milliards d'euros de mises en 2017 - s'est choisi une autre grande cause, celle du patrimoine. Le loto du patrimoine lancé l'an passé à rencontré la bienveillance et le succès du public. Et, surtout, il a démontré combien les Français - in- venteurs des Journées du patrimoine en 1984 - sont attachés à ce que l'on appelle avec tendresse les "vieilles pierres".

Mais le loto et la création de la Mission Bern, ont eu un autre mérite : mettre en lumière le "petit" patrimoine, qui vit (ou survit) dans l'ombre des grands sites et monuments, châteaux de le Loire, musée de Louvre ou musée d'Orsay. Vernaculaire, souvent rural, ce patrimoine-là mobilise à son chevet une myriade de petites associations qui font un patient travail de restauration et de préservation. Souvent sans beaucoup de moyens autres que quelques subventions, ces associations se donnent sans compter pour mettre en valeur un moulin, une chapelle, sites aussi remarquables que méconnus.

Les bénévoles se mobilisent pour faire connaître leur patrimoine de cœur et transmettre ainsi aux génération futures comme aux visiteurs de passage la mémoire d'un lieu et de ceux qui y ont vécu.

La difficile sélection effectuée par la Mission Bern parmi les centaines de projets qui lui ont été soumis montre d'une part que cette belle passion française pour le patrimoine a de beaux jours devant elle, mais aussi combien elle est aujourd'hui fragile car en manque de moyens. Les quelque 22 millions d'euros récoltés par le loto du patrimoine l'an passé sont évidemment une bonne chose pour tous le sites retenus face à l'ampleur des besoins. Dès lors, au-delà de ce loto sympathique et populaire, l'Etat doit mettre en oeuvre une politique patrimoniale sans doute beaucoup plus puissante pour permettre de préserver ce patrimoine, grand ou petit, qui fait la richesse de la France et de notre pays la première destination touristique mondiale.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 3 septembre 2019)

Posts les plus consultés de ce blog

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Machine à cash et à rêves

Qui n’a jamais rêvé d’être un jour le gagnant du loto, que l’on soit celui qui joue depuis des années les mêmes numéros en espérant qu’un jour ils constituent enfin la bonne combinaison ou que l’on soit même celui qui ne joue jamais mais qui se projette malgré tout dans la peau d’un gagnant, énumérant ce qu’il ferait avec ces centaines de millions d’euros qui grossiraient son compte en banque. Chacun se prend ainsi à rêver de vacances éternelles au soleil, de voyages au long cours, de montres de bijoux ou de voitures de luxe, de yachts XXL naviguant sur des mers turquoise, de grands restaurants étoilés ou plus simplement de réaliser ses projets longtemps différés faute de financements, de l’achat de sa maison au lancement de son entreprise, ou encore de partager ses gains avec sa famille ou avec ses collègues avec lesquels on a cotisé pour acheter le bulletin. Le loto, c’est une machine à rêver à laquelle chacun s’est adonné une fois dans sa vie et qui rythme toujours le quotidien des ...

Facteur humain

  Dans la longue liste de crashs aériens qui ont marqué l’histoire de l’aviation mondiale, celui de l’Airbus A320 de la Germanwings, survenu le 24 mars 2015, se distingue particulièrement. Car si le vol 9525, reliant Barcelone à Düsseldorf, a percuté les Alpes françaises, entraînant la mort de 150 personnes, ce n’est pas en raison d’une défaillance technique de l’appareil ou d’un événement extérieur qui aurait impacté l’avion, mais c’est à cause de la volonté du copilote de mettre fin à ses jours. L’enquête, en effet, a rapidement révélé que celui-ci, souffrant de problèmes de santé mentale non décelés par les procédures en vigueur, avait volontairement verrouillé la porte du cockpit, empêchant ainsi le commandant de bord de reprendre le contrôle de l’appareil. Ainsi, ce crash singulier touche au point le plus sensible qui soit : la confiance des passagers dans les pilotes à qui ils confient leur vie. C’est pour cela que cette tragédie a eu un tel impact sur l’opinion publique et a...