En décembre 2015, sous la houlette de Laurent Fabius et de Ségolène Royal était adopté l'Accord de Paris sur le climat. Suite aux négociations de la Conférence de Paris (COP21) organisée par les Nations unies sur les changements climatiques, c'est la première fois qu'un tel accord universel était signé par quelque 195 pays. Ce texte historique – à mettre au crédit de la France – listait ainsi des engagements simples et forts comme contenir d'ici à 2100 le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, ne plus investir dans les énergies fossiles, ou encore atteindre la neutralité carbone.
Mais depuis quatre ans, la mise en œuvre de ces engagements patine, les promesses peinent à être tenues, alors même que les rapports scientifiques alarmants se sont accumulés et que les événements météorologiques et climatiques se sont multipliés. Ouragans de plus en plus dévastateurs, fonte accélérée des glaciers, vagues de chaleur d'une intensité jamais vues, sécheresses et incendies monstres ; autant de signes d'un emballement climatique qui charrie, hélas, son lot de malheurs entre apparition de nouvelles maladies, réfugiés climatiques toujours plus nombreux ou extinction d'espèces.
Malgré cela, les politiques environnementales des Etats pour respecter leurs engagements sont très insuffisantes ; les dirigeants prenant des décisions court-termistes là où il faudrait viser un horizon plus lointain… mais électoralement moins porteur.
À tel point que partout, des citoyens se sont engagés pour dénoncer par des marches géantes – et parfois des actions en justice – l'inaction des Etats. Un mouvement largement porté par les jeunes. On peut certes critiquer les grèves de lycéens et estimer que leur place est davantage sur les bancs de l'école ; on peut moquer leurs discours parfois empreints d'une grande naïveté sur les réalités économiques et géopolitiques comme on peut s'acharner sur la jeune Greta Thunberg et s'offusquer de ses rodomontades larmoyantes et émues lancées lundi à des chefs d'Etat et de gouvernement élus. Mais on ne peut ôter aux jeunes la sincérité de leur engagement.
Surtout, cette jeunesse-là, qui demain sera aux responsabilités, mérite d'être écoutée car elle ne manque pas d'idées pour résoudre finalement la seule et la plus difficile des équations qui se pose à tous : l'économie capitaliste actuelle peut-elle être compatible avec la lutte pour le climat ? Aujourd'hui la réponse apparaît bien négative, mais une réconciliation entre économie de marché et écologie reste possible. Mais pour atteindre cette « croissance verte » dans les transports, l'énergie ou l'agriculture qui nécessitera mobilisation et compromis de tous, il convient dès à présent de passer, à tous les niveaux, des paroles aux actes.
(Editorial publié dans La Dépêche du mercredi 25 septembre 2019)