Depuis plusieurs jours maintenant, les prix des carburants connaissent une flambée à la pompe avec des tarifs qui n’avaient pas atteint un tel niveau depuis cinq ans. Comme souvent, cette hausse découle de plusieurs facteurs, internationaux mais aussi bel et bien nationaux.
Le premier facteur est bien sûr consécutif à l’augmentation mondiale du prix du baril de pétrole, qui rappelle que derrière chaque plein que nous faisons dans nos automobiles, il y a de la géopolitique. Lorsque les pays à fort potentiel importateur sont secoués par des crises (embargo sur l’Iran, troubles aux Moyen-Orient, etc.) c’est l’ensemble du marché mondial qui en fait les frais. Les variations des taux de change influent également sur le prix final des carburants : avec un euro plus faible que le dollar, les acheteurs européens paient mécaniquement plus cher le prix du baril de brut, dont le prix est, lui, fixé en dollars. Par ailleurs, la demande des pays émergents, de plus en plus forte, fait également augmenter le prix. Enfin, la lente mais inexorable diminution des réserves mondiales de pétrole conduit logiquement à une hausse, maintenant, du prix du baril. L’approvisionnement français dépendant à 99 % des importations pour sa consommation de pétrole, on mesure notre assujettissement à ces aléas internationaux…
Le second facteur expliquant l’actuelle hausse du prix des carburants, national cette fois, relève des taxes qui frappent l’essence et le gazole ; et donc des choix politiques qui les sous-tendent. De fait, le gouvernement d’Édouard Philippe a annoncé à la rentrée 2017 sa volonté de rapprocher le prix du litre d’essence de celui du litre de gazole. Cette convergence, qui a été souvent invoquée pour privilégier l’essence moins polluante que le gazole des moteurs diesel, est aujourd’hui assumée par l’exécutif. Le gouvernement a confirmé une hausse de 10 % des taxes sur le diesel en 2018. Et d’après les calculs de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), les taxes sur le diesel pourraient augmenter de 31 centimes par litre d’ici à 2022 si la trajectoire prévue dans le projet de loi de finances est bien mise en œuvre. Mais le gouvernement espère aller plus vite encore. Le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot avait indiqué fin août 2017 que la convergence entre les fiscalités du diesel et de l’essence se fera « dans les trois-quatre ans qui viennent ».
Ce mouvement, mondial et pas seulement français, pour inciter à rouler avec des carburants moins polluants, voire rouler à l’électrique, est inéluctable compte tenu des enjeux environnementaux et de santé publique. Et toute mesure qui y concourt, fut-elle fiscale, apparaîtra in fine comme une bonne chose. Mais il faut aussi que le gouvernement ne joue pas uniquement sur le seul levier des taxes, et ait le souci d’aider tous ceux, gros rouleurs ou habitants des territoires ruraux, dont la voiture est l’outil de travail ou l’unique mode de déplacement. C’est à cette condition d’équité que la transition écologique à venir sera comprise et acceptée.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 28 avril 2018)