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Articles

Affichage des articles du mars, 2025

Machine à cash et à rêves

Qui n’a jamais rêvé d’être un jour le gagnant du loto, que l’on soit celui qui joue depuis des années les mêmes numéros en espérant qu’un jour ils constituent enfin la bonne combinaison ou que l’on soit même celui qui ne joue jamais mais qui se projette malgré tout dans la peau d’un gagnant, énumérant ce qu’il ferait avec ces centaines de millions d’euros qui grossiraient son compte en banque. Chacun se prend ainsi à rêver de vacances éternelles au soleil, de voyages au long cours, de montres de bijoux ou de voitures de luxe, de yachts XXL naviguant sur des mers turquoise, de grands restaurants étoilés ou plus simplement de réaliser ses projets longtemps différés faute de financements, de l’achat de sa maison au lancement de son entreprise, ou encore de partager ses gains avec sa famille ou avec ses collègues avec lesquels on a cotisé pour acheter le bulletin. Le loto, c’est une machine à rêver à laquelle chacun s’est adonné une fois dans sa vie et qui rythme toujours le quotidien des ...

Le prix de la sécurité

C’est l’une des professions les plus admirées et respectées des Français, celle que veulent exercer les petits garçons et aussi les petites filles quand ils seront grands, celle qui incarne au plus haut point le sens de l’intérêt général. Les pompiers, puisque c’est d’eux dont il s’agit, peuvent évidemment se réjouir de bénéficier d’une telle image positive dans l’opinion. Celle-ci les conforte et les porte au quotidien mais si elle est nécessaire, elle n’est plus suffisante pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, opérationnelles, humaines et financières. Opérationnelle d’abord car leurs missions ont profondément changé et s’exercent avec plus de contraintes. De l’urgence à intervenir pour sauver des vies – presque 9 opérations sur 10 – on est passé à des interventions qui ne nécessitent parfois même pas de gestes de secours et relèvent bien souvent davantage de la médecine de ville voire des services sociaux. C’est que les pompiers sont devenus l’ultime recour...

Facteur humain

  Dans la longue liste de crashs aériens qui ont marqué l’histoire de l’aviation mondiale, celui de l’Airbus A320 de la Germanwings, survenu le 24 mars 2015, se distingue particulièrement. Car si le vol 9525, reliant Barcelone à Düsseldorf, a percuté les Alpes françaises, entraînant la mort de 150 personnes, ce n’est pas en raison d’une défaillance technique de l’appareil ou d’un événement extérieur qui aurait impacté l’avion, mais c’est à cause de la volonté du copilote de mettre fin à ses jours. L’enquête, en effet, a rapidement révélé que celui-ci, souffrant de problèmes de santé mentale non décelés par les procédures en vigueur, avait volontairement verrouillé la porte du cockpit, empêchant ainsi le commandant de bord de reprendre le contrôle de l’appareil. Ainsi, ce crash singulier touche au point le plus sensible qui soit : la confiance des passagers dans les pilotes à qui ils confient leur vie. C’est pour cela que cette tragédie a eu un tel impact sur l’opinion publique et a...

L'occasion manquée

  François Bayrou doit regretter de ne pas avoir tourné sept fois sa langue dans sa bouche avant de répondre, dimanche sur France Inter, à la question de savoir si un retour à la retraite à 62 ans – que plébiscite une majorité de Français – était possible. En disant « non », le Premier ministre a de fait torpillé le conclave sur les retraites qu’il avait lui-même installé. Quelques instants auparavant, le même François Bayrou défendait pourtant sa vision de la démocratie sociale et l’utilité du conclave en réponse aux critiques acides de son prédécesseur Edouard Philippe, qui juge l’instance « hors sol ». Piqué au vif, François Bayrou s’est sans doute laissé aller à dire ce qu’il pensait vraiment… ce qu’un Premier ministre dans sa fragile situation – sans majorité à l’Assemblée, ni soutien populaire – n’aurait pas dû dire. Les réactions ne se sont pas fait attendre : l’U2P a claqué la porte mardi, la CGT a suivi mercredi. Et les socialistes, qui avaient fait de la révision de la co...

L'homme et l'ours

L’année prochaine, cela fera trente ans que l’ourse slovène Ziva faisait ses premiers pas devant les caméras dans les Pyrénées, sur la commune de Melles, en Haute-Garonne. Le 19 mai 1996, il s’agissait là du premier lâcher organisé dans le cadre d’un plan de réintroduction européen pour sauver l’ours brun, dont on ne comptait alors les représentants que sur les doigts des deux mains. Entre les éleveurs opposés à l’ours et les associations environnementales, le dialogue a très vite viré à la foire d’empoigne et aux caricatures. Bobos écolos d’un côté, paysans butés de l’autre, défenseurs de la biodiversité contre partisans d’un maintien d’une activité pastorale ancestrale. Trente ans plus tard, la population d’ursidés a considérablement augmenté, l’image de l’ours et son impact touristique sont désormais consubstantiels aux Pyrénées. Et de l’autre côté les éleveurs se sont mieux organisés pour valoriser leur production et obtenir des labels de qualité qui font, là aussi, incontestableme...

Deux mondes

La vidéo, spectaculaire, a été vue des milliers de fois sur les réseaux sociaux suscitant consternation et indignation. Le 21 février dernier, la mère du cinéaste Luc Besson filme des chasseurs qui se sont introduits dans le jardin de sa résidence, dans l’Orne, à proximité du massif de Saint-Evroult, à la poursuite d’un cerf qui y avait trouvé refuge. La mère du réalisateur, qui assure que le cerf n’était pas blessé, tente alors de les déloger de sa propriété. En vain. Les deux chasseurs aux chasubles orange tuent le cerf à coups de dague. « La loi n’autorise aucune mise à mort de l’animal pour le servir, et ne justifie en aucun cas l’intrusion dans une propriété privée. Il s’agit bien d’une violation de domicile », a réagi Me Xavier Bacquet, l’avocat de la Fondation 30 millions d’Amis, qui s’est portée partie civile. Luc Besson a lui dénoncé « une boucherie ». Le président de la Fédération nationale de la chasse (FNC), l’éruptif Willy Schraen, maintient de son côté que l’animal était ...

Mauvais génie

  Elon Musk est devenu le mauvais génie de Tesla, la marque de voitures électriques qu’il a contribué à développer et qu’il est en train de précipiter dans l’abîme. Tesla symbolisait l’innovation de rupture, l’audace technologique, la « coolitude » d’une Amérique pionnière prête à reconquérir le monde de l’automobile. En quelques mois, la voilà marquée par des cours en Bourse en chute libre, des ventes en baisse notamment en Europe, des difficultés qui grossissent face à la féroce concurrence chinoise, et une réputation en capilotade. L’image de Tesla est aujourd’hui amochée par le flot de critiques et les opérations de boycott qui visent la société et à travers elles son PDG depuis qu’il est devenu un personnage politique central du second mandant de Donald Trump et un acteur majeur de ce qu’Emmanuel Macron a récemment appelé « l’internationale réactionnaire. » Dépeint il y a une semaine par le sénateur Claude Malhuret comme un « bouffon sous kétamine...

Déconnexion

   Voilà une polémique que personne n’avait vu venir et qu’on n’attendait pas. Celle qui a déclenché un tollé chez les auto-entrepreneurs, après que le gouvernement a tenté de modifier leur seuil d’assujettissement à la TVA dans la loi de finances 2025 pour escompter de nouvelles recettes fiscales ; afin de combler le déficit public abyssal et résorber une dette qui dépasse les 3 000 milliards d’euros. Polémique surprenante à deux titres. Le premier est que depuis sa nomination à Matignon, François Bayrou s’est posé en chantre des territoires, lui, l’élu local à la longue carrière, qui a décidé de conserver son mandat de maire de Pau en plus de ses fonctions de Premier ministre et qui rappelle sans cesse sa proximité avec « le terrain ». Un ancrage mis en avant à l’envi pour marquer le contraste avec les précédents gouvernements macronistes, plutôt très parisiens et souvent très « technos » ; et donc supposément déconnectés de la réalité...

Nouveau cri d'alarme

   Le livre d’Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, «  4,1. Le scandale des accouchements en France  » sonne comme une nouvelle alerte concernant les maternités dont 75 % ont fermé en 50 ans. Fermeture des petites structures, surcharge et cadences infernales dans les CHU, restriction du recours aux césariennes… : leur enquête au long cours devrait tous nous interpeller avec en point d’orgue ce chiffre terrible de 4,1 décès pour 1 000 naissances, en constante augmentation depuis 2020. Leur cri d’alarme doit d’autant plus être entendu qu’il fait suite à d’autres alertes qui ont été émises ces dernières années pour appeler à une refonte du système, sans que celle-ci ne voie le jour… Ainsi, il y a deux ans, un rapport du Pr Yves Ville, chef de la maternité de l’hôpital Necker à Paris, préconisait la « planification d’une politique en matière de périnatalité en France » qui devait passer à l’époque par la fermeture de 111 maternités (sur 452) qui ...

La force de l’Europe

Quelle place aura l’Europe – l’Union européenne à laquelle on peut associer le Royaume-Uni – dans la « nouvelle ère » décrite méticuleusement par Emmanuel Macron mercredi soir lors de son allocution aux Français ? Car c’est bien, au final, de cela dont il s’agit. Quelle place à l’heure où le multilatéralisme, patiemment construit après la fin de la Seconde Guerre mondiale, semble s’effacer, où les alliances séculaires de part et d’autre de l’Atlantique sont renversées, et où la paix sur le Vieux continent, qu’on croyait définitivement installée après la chute du mur de Berlin et la fin de la Guerre froide, s’est déjà éloignée avec la guerre en Ukraine ? Quelle place face au retour des impérialismes ? L’impérialisme de Donald Trump, qui, à coups de taxes douanières, d’attaques contre l’État de droit et la science et de « vérités alternatives », promet le retour d’un âge d’or – référence au Gilded Age entre 1865 à 1901 – et d’une Amérique conquérante comme le fut celle de William McKinle...

Nouvel Eldorado

En proposant, dès son investiture, de racheter le Groenland au Danemark, puis en faisant pression sur l’Ukraine pour qu’elle signe un accord léonin en faveur des États-Unis pour l’exploitation de ses gisements miniers, Donald Trump a mis sur le devant de la scène, avec la brutalité verbale qui le caractérise, la course mondiale sur les terres rares et les minerais critiques, ce nouvel Eldorado. Telle la ruée vers l’or à la fin du XIX e  siècle dans un Far West où régnait la loi du plus fort, cette course de fond mobilise tous les pays car il en va de leur souveraineté industrielle et de leur capacité à devenir acteurs et non spectateurs dans les nouvelles technologies, des batteries pour les voitures électriques aux éoliennes, en passant par les panneaux solaires, les ordinateurs, les aimants ou les smartphones. Ces terres rares, qui regroupent dix-sept éléments (scandium, yttrium et les lanthanides) possédant des propriétés physiques et chimiques exceptionnelles, portent d’ailleur...