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Articles

Affichage des articles du mai, 2025

Léon d'Amérique

Les 133 cardinaux électeurs qui se sont enfermés en conclave dans la chapelle Sixtine mercredi auront mis moins de 48 heures pour choisir Léon XIV, le successeur de François, comme cela fut le cas pour ce dernier en 2013 et son prédécesseur Benoît XVI en 2005. Et comme pour ces papes-là, c’est un homme qui ne figurait pas en tête de liste des papabile, les potentiels papes, qui a finalement été choisi après quatre tours de scrutin seulement. Tout le monde se perdait en conjecture depuis la mort de François sur l’indécision supposée des cardinaux, la difficulté à trouver un successeur au populaire et charismatique « pape des pauvres » et leurs divergences pour s’accorder sur un nom et une ligne pour l’Église – conservatrice ou réformiste. Tout le monde, des vaticanistes distingués au 1,4 milliard de catholiques en passant par les journalistes, en aura été pour ses frais. Mais au-delà de la forme c’est bien sûr le sens que revêt le choix de ce nouveau souverain pontife qui est à souligne...

Poutine Potemkine

Les années se suivent et se ressemblent sur la place Rouge. Depuis 2022 et l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine s’est approprié le Jour de la Victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie, célébrée chaque 9 mai, pour en faire un pur exercice de propagande teinté de révisionnisme. Le parallèle entre la Seconde Guerre mondiale et le conflit actuel en Ukraine est ainsi devenu un élément central de son discours, la Russie étant systématiquement présentée comme le pays agressé et non comme l’agresseur qu’il est. Pour justifier son "opération spéciale" d’envahissement de son voisin il y a un peu plus de trois ans, Vladimir Poutine a même invoqué la "dénazification" de l’Ukraine… Cette année encore, le maître du Kremlin devrait saluer les soldats russes combattant dans le Donbass, les présentant comme l’égal des "héros" de la patrie d’il y a 80 ans. Et se gargariser d’avoir réussi – en dépit des pressions occidentales et des menaces ukrainiennes de ne pas respect...

Le temps des guerres

Le hasard, tragique, aura voulu que ce jeudi 8 mai, alors que le monde célèbre le 80e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale, surgisse la crainte de voir advenir une guerre totale entre l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires qui se toisent et s’affrontent depuis 1947 autour de la région du Cachemire. En réplique à l’assassinat de 26 touristes indiens le 22 avril, Narendra Modi a ordonné de frapper des cibles dans le Pakistan voisin, ainsi que dans la partie du Cachemire contrôlée par Islamabad, et affirme depuis avoir visé exclusivement des « infrastructures terroristes ». Le Pakistan, prenant le monde à témoin, promet des représailles. Et tandis que la communauté internationale appelle « à la retenue », dans les deux pays – qui ont considérablement renforcé leurs capacités militaires depuis leur ultime confrontation en 2019 – les discours de haine se propagent sur les réseaux sociaux, des drapeaux adverses sont brûlés ou piétinés en pleine rue. Les diatribes n...

Les architectes du chaos

    Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier dernier, le destin de l’Ukraine semble pris en étau par deux architectes du chaos – pour paraphraser l’écrivain Giuliano da Empoli et ses ingénieurs du chaos – lancés dans une sorte de rivalité-fascination réciproque, aussi fracassante qu’inquiétante pour le monde, et dont personne ne sait comment elle va se terminer. Donald Trump et Vladimir Poutine sont faits du même bois, entre narcissisme et paranoïa, autoritarisme et absence d’empathie, usant du chaos pour asseoir leur pouvoir et désireux de revenir au temps des empires, l’âge d’or ( golden age ) de l’Amérique du XIX e  siècle pour l’un, l’URSS pour l’autre. Mais si des points communs sont patents entre les deux dirigeants, des différences importantes subsistent entre le milliardaire américain bling-bling de 78 ans et l’austère ancien agent du KGB de 72 ans. En revenant au pouvoir après une stupéfiante remontada, Donald Trump, mû par la volo...

Un pont trop loin

   La succession des ponts du mois de mai a relancé le sempiternel débat sur les jours fériés en France, leur nombre et le niveau de productivité des Français. Un débat devenu un véritable marronnier qui commence toujours par le même constat, se poursuit par un emballement médiatico-politique où droite et gauche s’invectivent, puis finit par s’éteindre jusqu’à la prochaine fois. L’automne dernier, alors que le gouvernement Barnier cherchait quelque 60 milliards d’économies pour le Budget 2025 afin d’éponger un déficit abyssal – 6,1 % du PIB et 3 230 milliards d’euros de dette – Gérald Darmanin avait lancé l’idée de supprimer un jour férié pour renflouer les caisses de l’État. Celui qui n’était alors pas encore redevenu ministre mettait ses pas dans ceux de Jean-Pierre Raffarin. En 2004, le Premier ministre instaurait, en effet, la « journée de solidarité » en supprimant le lundi de Pentecôte. Une décision prise dans l’urgence après la meurtrière c...