Accéder au contenu principal

Reprendre le contrôle

RGPD


La grande marche de l'histoire de la construction européenne a souvent été balisée par des sigles : la CECA (communauté européenne du charbon et de l'acier), la CEE (Communauté économique européenne), la PAC (politique agricole commune) ou encore l'ECU (European Currency Unit, ancêtre de l'euro). Demain, il faudra sans nul doute y rajouter RGPD pour règlement général sur la protection des données personnelles. Car ce règlement, transposé dans la loi française, est une avancée majeure pour mieux protéger les citoyens dans le domaine du numérique, à l'heure où leurs données personnelles sont devenues de l'or pour les géants d'internet que sont les fameuses GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Le RGPD, qui s'impose dans toute l'Union européenne, apparaît comme une avancée politique, sociétale et économique.

Avancée politique d'abord. À l'heure où d'aucuns doutent de l'Europe, critiquent son fonctionnement ou veulent la quitter, voilà qu'elle prend une décision politique forte et concrète dans la vie quotidienne des Européens. Et cette volonté politique qui a résisté non sans mal à tous les lobbies et toutes les chausse-trapes bruxelloises doit beaucoup à la Commissaire européenne à Concurrence, la pugnace Margrethe Vestager. En imposant sous peine de sanctions un cadre contraignant pour la collecte et le traitement des données personnelles de ses ressortissants, l'Europe envoie ainsi un message clair aux GAFAM. Elles ne pourront plus collecter sans vergogne et sans leur consentement explicite des données, comme cela fut le cas lors du scandale Cambridge Analytica qui vient de secouer Facebook.

Avancée sociétale ensuite. Le RGPD apporte enfin une réponse aux inquiétudes des internautes quant à la confidentialité de leurs données. Notre sondage montre combien cette question est devenue capitale pour les Français. À leur défiance légitime face aux GAFAM, le RGPD apporte un cadre de confiance, respectueux de leur vie privée et leur redonne le contrôle sur leurs données numériques.

Toutes vos infos en illimité et sans publicité à partir d'1€/mois
Avancée économique enfin car le RGPD, en posant un nouveau cadre, peut permettre que les entreprises européennes jouent désormais avec les mêmes règles face à des GAFAM dont la puissance financière les met au niveau des États. Et notre sondage montre d'ailleurs que les internautes sont demandeurs de logiciels et services alternatifs, européens.

Le RGPD est donc une belle avancée. Faut-il aller encore plus loin ? Instaurer davantage de régulation, de contraintes ? Certains le réclament, excédés par les pratiques déloyales des GAFAM qui, par cynisme et intérêt financier, ont rompu la confiance et jeté la suspicion sur toutes les collectes de données, fussent-elles utiles et respectueuses. Pour assurer le succès du RGPD, l'Union européenne va ainsi devoir montrer sa détermination à faire appliquer les nouvelles règles, mais aussi rester souple pour ne pas décourager l'innovation numérique qui se construit dans les grands groupes européens à Paris ou à Berlin, dans les PME ruthénoises ou les start-up toulousaines.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 24 mai 2018)

Posts les plus consultés de ce blog

Moine-soldat

Dans le marathon de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le calendrier a marqué une pause ce jeudi à l’occasion de la niche parlementaire du Parti socialiste. Une pause mise à profit par le gouvernement pour aller sur le terrain défendre une réforme toujours massivement rejetée par 7 Français sur 10. À l’avant-veille de la quatrième journée de manifestation appelée par l’intersyndicale, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont ainsi rendus hier à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, Olivier Dussopt à Toulouse, où il a notamment rencontré six lecteurs de La Dépêche du Midi au siège de notre journal pour répondre à leurs questions et leurs inquiétudes. Celui qui enchaîne à un rythme soutenu les interviews dans les matinales et défend depuis lundi son texte devant une Assemblée nationale survoltée s’est montré tel qu’en lui-même : un moine-soldat de la macronie. Moine, parce que le ministre connaît sur le bout des doigts le catéchisme de la réforme, son dogme du r

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a