« Le chien est le meilleur ami de l’homme », selon le vieil adage populaire, mais l’inverse ne se vérifie pas toujours hélas. Il y a encore des hommes qui abandonnent leur animal comme un vieux jouet dont on se serait lassé. Les statistiques de la Société protectrice des animaux et des nombreuses associations de défense des animaux en France le montrent ainsi sans conteste : en dépit des campagnes de communication et de sensibilisation, chaque été près de 8 000 animaux sont abandonnés et recueillis dans des refuges débordés qui tiennent grâce à l’engagement remarquable de leurs salariés et bénévoles. Sur l’année c’est près de 40 000 animaux qui sont ainsi recueillis.
Et parmi ces animaux abandonnés se trouvent les chiens que l’on dit « dangereux », comprendre ceux que la loi catégorise en chiens d’attaque (catégorie 1), dont l’acquisition, la vente ou l’importation sont interdites et les chiens de garde et de défense (catégorie 2), qui doivent être déclarés en mairie, porter une muselière et être tenus en laisse. Des chiens « dangereux », qui, selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) sont impliqués dans environ 20 % des morsures graves en France.
Des affaires de morsures très médiatisées soulignent ainsi l’implication de ces chiens et la responsabilité de leurs propriétaires est pointée, avec l’idée qu’ « il n’y a pas de mauvais chiens, il n’y a que de mauvais maîtres ». Une assertion simpliste pour une réalité beaucoup plus complexe. Les études scientifiques montrent, en effet, que le comportement d’un chien résulte d’une interaction entre l’éducation, la socialisation et la qualité des interactions du chien avec l’humain, l’environnement dans lequel il vit, son âge et son état de santé, ou encore son patrimoine génétique. Le risque de voir un chien attaquer provient ainsi d’une combinaison complexe de facteurs où le propriétaire joue bien sûr un rôle déterminant, mais qui n’excluent ni l’hérédité ni l’environnement global du chien.
Dès lors, au-delà de la réglementation qui doit évidemment être scrupuleusement respectée et évaluée au fil des ans, c’est bien la sensibilisation sur laquelle on doit insister. Sensibilisation de tous – propriétaires, enfants, adultes – aux signaux de stress, d’inconfort ou de peur exprimés par les chiens et apprentissage des bons comportements à adopter. Sensibilisation des propriétaires aux bonnes pratiques pour socialiser leur chien dès son plus jeune âge, prévoir des moments de dépense physique et mentale suffisante, respecter ses routines et lui garantir un environnement stable.
Bref, ne pas considérer le chien comme un objet, un accessoire dont on se débarrasserait à la moindre contrariété ; pour, au final, être vraiment à la hauteur du meilleur ami de l’homme.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 12 octobre 2025)