Quel automobiliste n’a jamais pesté contre la présence d’un ralentisseur sur son trajet ? Que ce soit un classique dos d’âne, un « plateau », un trapézoïdal ou un « coussin berlinois », ces plaques rouges vissées sur la chaussée… Ces dispositifs qui visent à empêcher les excès de vitesse dans certaines rues, en ville comme dans les villages, se sont multipliés ces dernières années au point que la France compterait quelque 450 000 ralentisseurs. Des ralentisseurs parfois conçus en toute illégalité et parfois en dépit du bon sens.
Car si les caractéristiques de ces outils et les conditions de leur installation ont fini par être parfaitement encadrées, par décret en 1994, puis avec un guide technique du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), certaines municipalités ont installé ou installent encore des « gendarmes couchés » illégaux, car ne respectant pas la hauteur maximale autorisée ou en étant installés sur de mauvais emplacements. Ainsi, même en observant parfaitement la limitation de vitesse, certains automobilistes se laissent surprendre à « accrocher » le bas de caisse de leur voiture, ceux qui souffrent du dos vivent un supplice à chaque passage et les riverains s’exaspèrent des nuisances sonores et polluantes induites…
Contre les ralentisseurs illégaux, qui représenteraient un tiers du parc, les associations de défense des automobilistes sont parties en guerre. « 40 millions d’automobilistes » a lancé ces dernières années une « plateforme de signalement des dos-d’âne illégaux », invitant chacun à répertorier les ralentisseurs hors norme. La Ligue de Défense des Conducteurs, l’Automobile Club des Avocats (ACDA) et l’association « Pour une mobilité sereine et durable » se sont alliées dans ce « combat de dégradation volontaire des infrastructures routières, de l’augmentation de la pollution et de la mise en danger de la vie d’autrui par les élus locaux » et viennent de publier une étude chiffrée sur les nuisances des ralentisseurs. Quant à la Fédération française des motards en colère (FFMC), elle ne décolère pas, justement, contre ces ralentisseurs qui constituent, selon elle, de potentiels pièges mortels pour les deux-roues…
Reste que si un grand ménage doit, d’évidence, être fait pour mieux encadrer les ralentisseurs et aider les municipalités à être parfaitement dans les clous, il n’en reste pas moins qu’ils constituent de précieux outils. À l’heure où les zones à 30 km/h - ou moins - se multiplient dans les agglomérations, les ralentisseurs permettent d’abaisser la vitesse en ville, encore souvent trop élevée, et de faire en sorte que la route soit harmonieusement partagée par tous ses usagers, automobilistes, motards, cyclistes et piétons.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 26 juillet 2022)