Ce n’est pas la première fois que le gouvernement annonce la fin du « quoi qu’il en coûte », cette expression lancée en pleine pandémie de Covid-19 en 2020 par Emmanuel Macron pour assurer aux Français que l’État serait à leur côté financièrement pour amortir les conséquences économiques de cette crise sanitaire sur leur vie quotidienne et professionnelle.
Cette mobilisation de la puissance publique – qu’on pourrait même faire remonter aux Gilets jaunes en 2018 – capable de dépenser massivement presque sans compter s’est sans cesse renouvelée au gré des crises : après celle du Covid-19, celle de la guerre en Ukraine avec l’explosion du coût de l’énergie et le retour d’une inflation galopante, particulièrement dans l’alimentaire. Exonérations ici, boucliers tarifaires là, chèques sous condition ou ristournes ailleurs : l’État a multiplié les dispositifs qui ont permis à la France de traverser ces événements en bien meilleure posture que ses voisins européens. Une action assumée par un gouvernement qui, il faut le reconnaître, n’en a pas forcément tiré d’avantage politique ni même de reconnaissance. La politique reste souvent ingrate…
Trois ans après et des milliards dépensés au fil des mesures mises en place, la France se retrouve aujourd’hui avec une dette colossale qui a franchi le cap symbolique des 3 000 milliards d’euros et qui affiche un déficit bien éloigné des critères de Maastricht que la Commission européenne voudrait voir désormais respectés. Redresser les comptes publics est, dès lors, une nécessité ; question de crédibilité pour Emmanuel Macron et son gouvernement.
Mais comment sortir des dispositifs du « quoi qu’il en coûte » auquel nous nous sommes tous collectivement habitués, administrés comme gouvernants ? Comment sortir d’un Etat-nounou qui a sciemment multiplié les dépenses, encore récemment à l’occasion des « cent jours » ? Telle est la question à laquelle va devoir répondre le périlleux Budget 2024 qui sera examiné au Parlement cet automne et qui, faute de majorité, pourrait être adopté par 49.3.
Comme tout budget, il marquera des choix éminemment politiques en termes de justice fiscale et d’efficacité socio-économique. Des choix qui préserveront sans doute l’ADN libéral du macronisme depuis 2017 quant aux aides massives consenties aux entreprises sans grandes contreparties.
Des choix aussi que certains secteurs vivront plus douloureusement que d’autres, car les premières pistes qui se sont dessinées ces dernières semaines inquiètent comme la fin du dispositif Pinel ou la suppression de la TVA à 10 % dans la rénovation des logements. Quelles seront par ailleurs les conséquences des économies demandées dans chaque ministère ? Et que penser de la ponction des excédents de trésorerie de certains opérateurs de l’État comme le CNRS ? Autant de pistes, autant de choix qui laissent entrevoir un budget très sensible.
Le gouvernement veut y afficher son sérieux et sa rigueur. Les Français y verront peut-être davantage un retour de l’austérité.