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Le Covid sans fin

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Qu’il semble loin le temps où l’épidémie de Covid nous confinait chez nous, où l’on respectait scrupuleusement les gestes barrière, la distanciation sociale ou le port du masque, où l’on s’effrayait de voir des proches hospitalisés en réanimation, où l’on patientait pour recevoir les doses de vaccin. Les confinements sont devenus de lointains souvenirs, les gestes barrières ont été remisés, ne restant plus sous nos yeux que quelques bornes de gel hydroalcoolique. À peine conserve-t-on des masques chirurgicaux chez le médecin ou dans certains aéroports.

Oui, le Covid qui a mis la planète à genoux, qui a chamboulé l’économie mondiale et bouleversé nos vies, parfois cruellement, n’est plus une paralysante pandémie mais est devenu une maladie chronique comme la grippe saisonnière. Les autorités sanitaires ont dès lors adapté leur surveillance. En France, depuis le 1er juillet, le tableau de bord InfoCovidFrance n’est plus actualisé. La surveillance du Covid sera intégrée progressivement parmi les épidémies respiratoires suivies en routine. Nous avons appris – et à quel prix ! – à vivre avec le coronavirus.

Et pourtant… Pourtant, le Covid est toujours là. Fin juin il y avait sur sept jours environ un millier de cas positifs (en baisse de 22 %) et 39 admissions en soins critiques (-31 %). Passés les premiers symptômes, les personnes contaminées retrouvent une vie normale. Pas toutes… Certaines vont les voir se prolonger au fil des mois, endurant ce qu’on appelle le Covid long. Au début de l’épidémie, on a parfois regardé de travers ceux qui se plaignaient de symptômes persistants bien après leur contamination, pensant qu’ils exagéraient. Il y avait plus urgent à faire. Il aura fallu la multiplication des témoignages et la détermination de quelques-uns pour faire bouger les lignes en 2021.

Parmi eux, la députée de l’Hérault Patricia Mirallès, aujourd’hui secrétaire d’État aux Anciens Combattants et à la Mémoire. Touchée par le Covid long, témoignant du handicap que cela constitue dans la vie quotidienne, elle s’est battue pour faire reconnaître le Covid long comme affection longue durée. Elle a aussi sensibilisé Emmanuel Macron et la France a alors lancé une action nationale coordonnée de recherche sur l’épidémiologie des symptômes prolongés et sur les approches thérapeutiques. Enfin, des structures accueillant ceux qui souffrent de Covid long ont été labellisées.

En juin dernier Santé Publique France a publié les résultats d’une enquête menée fin 2022 sur le Covid long et les affections post-Covid qui concernaient 2 millions de personnes. La prévalence de l’affection post-Covid est estimée à 4 % en population générale adulte et à 8 % parmi les personnes ayant été infectées. Elle était deux fois plus élevée chez les femmes (10,2 %) que chez les hommes (5,3 %) et 31 % présentaient une affection post-Covid depuis plus d’un an, indique l’organisme, qui a annoncé que des analyses complémentaires de nature analytique et explicative vont être mises en œuvre au second semestre 2023.

À ce jour, on ne sait pas quels sont les facteurs qui conduisent certains à développer un Covid long, ce Covid sans fin…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 30 juillet 2023)

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