Le déconfinement et les leçons à tirer des conséquences de la pandémie de Covid-19 – toujours en cours – ont laissé penser qu’un nouveau monde allait advenir. Plus rien ne serait comme avant, disait-on. Mais ce nouveau monde-là peine à apparaître et d’aucuns redoutent qu’il ne soit pire que l’ancien. Un autre nouveau monde, pourtant, beaucoup plus enthousiasmant et ouvrant des perspectives aussi immenses qu’inconnues, émerge depuis plusieurs années : l’espace. Alors que ce jeudi doit décoller la mission spatiale Mars 2020, les initiatives se sont multipliées et accélérées, venant tant de sociétés du « new space » comme l’américaine Space X, ou d’Etats qui se lancent dans l’exploration spatiale comme la Chine, l’Inde ou les Emirats arabes unis.
Et c’est Mars qui concentre toutes les ambitions. La planète rouge, qui fascine l’homme depuis l’antiquité et nourrit sans cesse littérature et cinéma, n’en finit pas d’attirer toute l’attention.
Attention scientifique en premier lieu avec cette question simple et lancinante : y a-t-il eu de la vie sur Mars ? Pour le prouver définitivement, la mission Mars 2020 va collecter des échantillons de roches martiennes qu’il faudra ensuite ramener sur Terre au terme d’un incroyable périple mobilisant plusieurs autres missions toutes plus inédites, complexes et techniques que les autres. Et dans cette odyssée du XXIe siècle, la France, qui vient de fournir au nouveau rover Perseverance la caméra SuperCam conçue à Toulouse, tient un rôle de choix. Assurément un motif de fierté pour notre région, capitale européenne de l’espace.
Mais l’aventure martienne n’est pas que scientifique, elle est aussi géopolitique et à terme économique. Donald Trump l’a bien compris lui qui annonçait à peine élu « nous devons dominer l’espace » et qui ambitionne désormais de revoir les règles du droit international pour exploiter les ressources minières de la Lune – première étape vers Mars – quitte à contourner le Traité de l’Espace de 1967 qui stipule que l’activité spatiale ne peut être poursuivie qu’à des fins pacifiques...
Enfin, les missions vers Mars constituent une aventure humaine en partage avec l’objectif ultime d’envoyer un homme ou une femme sur Mars. Cet immense défi, inaccessible aujourd’hui, résonne en chacun de nous. Car dans la conquête de l’espace, dans l’exploration de l’univers, il y a pour l’homme l’exploration de sa propre humanité.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 30 juillet 2020)