Tout à son envie de rassembler, Emmanuel Macron a-t-il voulu trop en faire pour satisfaire des publics aux points de vue opposés ? Le chantre du « ni-ni », ni de droite, ni de gauche, s'est-il aventuré trop loin dans sa volonté de concilier l'irréconciliable sur deux sujets justement très clivants sur l'échiquier politique ?
A propos de la colonisation, Emmanuel Macron, désireux tout à la fois d'asseoir sa stature internationale et de séduire ses hôtes algériens, n'a sans doute pas mesuré la charge émotionnelle d'un dossier qu'il a bien évidemment le droit d'aborder, mais dont il a, d'évidence, mal évalué la complexité en le ramenant trop vite à la formule choc – fut-elle philosophiquement et historiquement juste – de « crime contre l'humanité. »
Sur les si vindicatifs opposants au mariage pour tous qui auraient été « humiliés » par le gouvernement, Emmanuel Macron – qui est pourtant un défenseur de la loi emblématique du quinquennat – semble, là aussi, avoir voulu pousser ses feux très loin en donnant des gages à un électorat conservateur, voire « villiériste », qui ne lui est pas acquis.
Sur ces deux sujets, Emmanuel Macron reprend la méthode de la triangulation qu'ont utilisée avant lui Nicolas Sarkozy ou son mentor François Hollande pour déstabiliser le camp adverse – méthode qui réclame sans doute des années d'expérience qui font défaut au jeune Macron.
Les deux polémiques sur la colonisation et le mariage pour tous, qu'il a tenté hier de désamorcer avec force, interrogent en tout cas les limites, sur la forme et le fond, de sa candidature hors parti. Un « chemin de crête », comme il se plaît à le dire, sur lequel il vaut mieux ne pas faire le grand écart si l'on veut rester... en marche.
(Article publié dans La Dépêche du 3 mars 2017)