D'aucuns trouveront peut-être à ricaner de ce qui arrive à la présidente socialiste de la Région Occitanie. La vie politique, il est vrai, est faite de passions, d'emportements, d'outrances, de prise à partie et parfois d'insultes vociférées dans les hémicycles, de la plus petite commune jusqu'à l'Assemblée nationale. «La démocratie, c'est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises», soupirait d'ailleurs François Mitterrand.
Mais dans cette affaire, nous sommes dans un tout autre registre que le débat musclé. Le courriel haineux qu'a reçu Carole Delga est tout sauf anodin et ne doit pas être pris à la légère. Par ses propos orduriers, par son ton belliqueux, par les menaces de mort explicites lancées à un élu de la Nation, c'est la démocratie que l'on atteint. De tels propos, ignobles, ne peuvent rester sans réponse et Carole Delga a évidemment eu raison de porter plainte.
Mais les menaces reçues par la présidente de la Région s'inscrivent aussi dans un inquiétant mouvement observé depuis déjà plusieurs mois, en France comme à l'étranger. Un mouvement exacerbé par la présidentielle. Un mouvement parfois encouragé par les ambiguïtés de ceux qui s'arrangent avec la simple vérité des faits. Un mouvement dont le vocabulaire que l'on croyait réservé à des groupuscules extrémistes s'étend de tweets en tweets sur les réseaux sociaux, sur l'air du «tous pourris» appliqué aux politiques, aux médias, aux femmes, etc. Face à ce déferlement de haine qui veut diviser les Français, il est temps que vienne le temps d'un sursaut et que s'exprime la majorité qui se reconnaît dans les valeurs de la République.
(Publié dans La Dépêche du 9 février 2017)