Accéder au contenu principal

Sursaut



D'aucuns trouveront peut-être à ricaner de ce qui arrive à la présidente socialiste de la Région Occitanie. La vie politique, il est vrai, est faite de passions, d'emportements, d'outrances, de prise à partie et parfois d'insultes vociférées dans les hémicycles, de la plus petite commune jusqu'à l'Assemblée nationale. «La démocratie, c'est aussi le droit institutionnel de dire des bêtises», soupirait d'ailleurs François Mitterrand.

Mais dans cette affaire, nous sommes dans un tout autre registre que le débat musclé. Le courriel haineux qu'a reçu Carole Delga est tout sauf anodin et ne doit pas être pris à la légère. Par ses propos orduriers, par son ton belliqueux, par les menaces de mort explicites lancées à un élu de la Nation, c'est la démocratie que l'on atteint. De tels propos, ignobles, ne peuvent rester sans réponse et Carole Delga a évidemment eu raison de porter plainte.

Mais les menaces reçues par la présidente de la Région s'inscrivent aussi dans un inquiétant mouvement observé depuis déjà plusieurs mois, en France comme à l'étranger. Un mouvement exacerbé par la présidentielle. Un mouvement parfois encouragé par les ambiguïtés de ceux qui s'arrangent avec la simple vérité des faits. Un mouvement dont le vocabulaire que l'on croyait réservé à des groupuscules extrémistes s'étend de tweets en tweets sur les réseaux sociaux, sur l'air du «tous pourris» appliqué aux politiques, aux médias, aux femmes, etc. Face à ce déferlement de haine qui veut diviser les Français, il est temps que vienne le temps d'un sursaut et que s'exprime la majorité qui se reconnaît dans les valeurs de la République.

(Publié dans La Dépêche du 9 février 2017)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Urgence démographique

  Présentées dans la torpeur de l’été, les statistiques démographiques de l’Insee devraient pourtant tous nous inquiéter et nous réveiller. Avec une baisse de 2,2 % du nombre quotidien de naissances moyen entre le premier semestre 2024 et celui de 2025, la France devrait atteindre une nouvelle fois son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et cela pour la quatrième année consécutive, sans que l’on perçoive la possibilité d’un retournement prochain de situation. Dans le même temps, en cumul de janvier à juin, le nombre de décès quotidien moyen est plus élevé en 2025 qu’il ne l’était un an auparavant : + 2,5 %. Implacable logique d’un solde naturel qui montre d’un côté une France qui ne fait pas assez d’enfants, de l’autre une France dont la population vieillit à grande vitesse. Au 1er janvier 2025, 21,8 % des habitants avaient au moins 65 ans, contre 16,3 % en 2005 ; les personnes âgées d’au moins 75 ans représentent désormais 10,7 % de la population, contre 8...