Marine Le Pen en meeting à Lille. Photo Jérémy-Günther-Heinz Jähnick |
En 140 caractères et trois photos odieuses postées à quelques minutes d'intervalles sur son compte Twitter mercredi, Marine Le Pen a ruiné la stratégie de dédiabolisation du Front national qu'elle avait patiemment mise en place depuis son accession à la tête du parti d'extrême droite en 2011 ; et montré que, décidément, le FN n'est pas un parti comme les autres. En perdant son sang-froid pour répondre impulsivement au journaliste Jean-Jacques Bourdin dont elle aurait – mais est-ce crédible ? – mal compris les propos, la fille de Jean-Marie Le Pen tombe dans les travers outranciers qui ont émaillé toute la carrière de son père. Ce dernier s'est d'ailleurs promptement - et peut-être avec un soupçon d'ironie - empressé d'apporter son soutien à celle qui voulait l'évincer.
Nul doute que cette affaire de tweets sera à la présidente du FN son «point de détail» comme celui que Jean-Marie Le Pen osa en 1987 pour minimiser l'importance des chambres à gaz dans l'Histoire de la seconde Guerre mondiale. Mais si cette affaire éclabousse le FN, elle entache directement et personnellement Marine Le Pen, qui a commis là une impardonnable faute morale et une lourde faute politique. Morale car en publiant les photos d'otages suppliciés, elle a fait preuve d'un terrible manque d'humanité envers leurs familles et tous ceux qui ont eu affaire au terrorisme. Politique, car en voulant se poser en victime des médias pour répondre de façon si excessive à un simple débat démocratique, elle a démontré son incapacité, et celle de son parti, à se hisser à la hauteur nécessaire pour prétendre entrer à l'Elysée.
(Publié dans La Dépêche du 18 décembre 2015)