Accéder au contenu principal

Le «point de détail» de Marine Le Pen

Marine Le Pen en meeting à Lille. Photo Jérémy-Günther-Heinz Jähnick


En 140 caractères et trois photos odieuses postées à quelques minutes d'intervalles sur son compte Twitter mercredi, Marine Le Pen a ruiné la stratégie de dédiabolisation du Front national qu'elle avait patiemment mise en place depuis son accession à la tête du parti d'extrême droite en 2011 ; et montré que, décidément, le FN n'est pas un parti comme les autres. En perdant son sang-froid pour répondre impulsivement au journaliste Jean-Jacques Bourdin dont elle aurait – mais est-ce crédible ? – mal compris les propos, la fille de Jean-Marie Le Pen tombe dans les travers outranciers qui ont émaillé toute la carrière de son père. Ce dernier s'est d'ailleurs promptement - et peut-être avec un soupçon d'ironie - empressé d'apporter son soutien à celle qui voulait l'évincer.

Nul doute que cette affaire de tweets sera à la présidente du FN son «point de détail» comme celui que Jean-Marie Le Pen osa en 1987 pour minimiser l'importance des chambres à gaz dans l'Histoire de la seconde Guerre mondiale. Mais si cette affaire éclabousse le FN, elle entache directement et personnellement Marine Le Pen, qui a commis là une impardonnable faute morale et une lourde faute politique. Morale car en publiant les photos d'otages suppliciés, elle a fait preuve d'un terrible manque d'humanité envers leurs familles et tous ceux qui ont eu affaire au terrorisme. Politique, car en voulant se poser en victime des médias pour répondre de façon si excessive à un simple débat démocratique, elle a démontré son incapacité, et celle de son parti, à se hisser à la hauteur nécessaire pour prétendre entrer à l'Elysée.

(Publié dans La Dépêche du 18 décembre 2015)

Posts les plus consultés de ce blog

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Moine-soldat

Dans le marathon de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le calendrier a marqué une pause ce jeudi à l’occasion de la niche parlementaire du Parti socialiste. Une pause mise à profit par le gouvernement pour aller sur le terrain défendre une réforme toujours massivement rejetée par 7 Français sur 10. À l’avant-veille de la quatrième journée de manifestation appelée par l’intersyndicale, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont ainsi rendus hier à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, Olivier Dussopt à Toulouse, où il a notamment rencontré six lecteurs de La Dépêche du Midi au siège de notre journal pour répondre à leurs questions et leurs inquiétudes. Celui qui enchaîne à un rythme soutenu les interviews dans les matinales et défend depuis lundi son texte devant une Assemblée nationale survoltée s’est montré tel qu’en lui-même : un moine-soldat de la macronie. Moine, parce que le ministre connaît sur le bout des doigts le catéchisme de la réforme, son dogme du r

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l