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L'émotion d'un village

Madère


La disparition de Laurent et Véronique Blond le 16 mars à Madère alors qu’ils passaient sur l’île portugaise d’agréables vacances avec leur fille, avait suscité une vive inquiétude. La macabre découverte, 19 jours plus tard, de deux corps qui sont – l’authentification officielle le dira – ceux de ce couple de boulangers a laissé place à une immense émotion. Celle-ci était encore palpable hier à Beaumont-de-Lomagne pour la réouverture de leur boulangerie, voulue par leurs filles comme un hommage à leurs parents qui avaient choisi de s’installer dans le village. Une émotion à la hauteur de cette tragédie, une émotion qui en dit long aussi sur l’impact qu’ont toujours les « faits divers » sur la vie quotidienne des communes et de ceux qui y vivent, impact qui perdure longtemps une fois que l’intérêt médiatique s’est émoussé.

Les milliers de kilomètres qui séparent le Tarn-et-Garonne de Madère, l’absence des corps toujours retenus sur l’île par l’enquête portugaise ont ajouté du poids à l’émotion de la famille et des habitants qui, hier, ont voulu se souvenir combien « leurs » boulangers étaient souriants, serviables et professionnels. Et combien la vie est parfois injuste lorsqu’elle fauche ceux que l’on apprécie et que l’on aime.

À côté de ces sentiments partagés par tous ce lundi, l’enquête se poursuit pour savoir ce qui s’est passé. Sans surprise, le scénario qui se dessine selon les éléments de l’enquête conduite par les autorités de l’île, est celui d’un accident. Un terrain très escarpé que l’on ne connaît pas assez, une surface boueuse et donc glissante qui se dérobe sous les pas, la nuit qui finit par tomber et brouille tous les repères, l’envie d’aider peut-être celui qui est en difficulté. Les randonnées, on le sait, peuvent être accidentogènes et parfois mortelles que l’on soit en forêt, dans les Pyrénées ou à l’autre bout du monde. Ce qui se présente comme une belle balade recèle en fait de vraies difficultés et beaucoup préjugent de leur force, de leur capacité à rebondir.

Le risque zéro en la matière n’existe pas, il y aura hélas toujours des accidents, des imprévus, mais peut-être faut-il alors davantage renforcer l’information des vacanciers, des néophytes. A Madère, cette île paradisiaque que l’on a le bonheur de découvrir à pied via d’innombrables sentiers, les autorités, qui disposent d’un solide plan d’intervention pour les urgences, rappellent de toujours partir avec une lampe de poche, un sifflet, une trousse de premiers secours et un moyen de guidage (GPS ou smartphone).

Mais les incidents ne manquent pas. En février dernier, la garde nationale avait retrouvé deux touristes de 40 et 29 ans qui s’étaient perdus sur un sentier de Câmara de Lobos. Le 5 avril, cinq touristes espagnols, perdus dans les montagnes de cette même municipalité, avaient été secourus par les pompiers volontaires. Laurent et Véronique n’ont pas eu cette chance.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 16 avril 2024)

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