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Turbulences sans fin

Des mécaniciens de Spirit Aerosystems utilisant une carte-clé d’hôtel pour vérifier le joint d’une porte, d’autres appliquant du savon liquide Dawn sur un joint de porte « comme lubrifiant dans le processus d’installation ». Voilà deux exemples stupéfiants que l’on peut lire dans le rapport de la Federal Aviation Administration (FAA), l’agence gouvernementale chargée des réglementations et des contrôles de l’aviation civile aux États-Unis, déclenché après qu’un Boeing 737 Max de la compagnie Alaska Airlines a perdu une porte en plein vol le 5 janvier. Ce rapport accablant a mobilisé pendant six semaines jusqu’à 32 auditeurs de la FAA dans l’usine de Boeing à Renton (Washington), où est fabriqué le B737 Max, et chez les sous-traitants de l’avionneur américain. Le rapport, qui a révélé des dizaines de problèmes tout au long du processus de fabrication chez Boeing et donc chez Spirit Aerosystems, est un nouvel épisode des déboires que rencontre le B737 Max. Cet avion, dérivé du Boeing 737
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Prendre soin des soignants

L’enquête que vient de réaliser l’Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) des médecins libéraux en Occitanie sur les violences qu’ils subissent est édifiante et préoccupante. 75,9 % des médecins ont ainsi été victimes de violence durant ces trois dernières années, dont 30 % plusieurs fois par an. Les trois quarts de ces violences sont des atteintes à la personne. Cette violence n’est d’ailleurs pas l’apanage des grands centres urbains puisqu’elle se joue aussi en cabinet de groupe (+14 %) et en milieu rural (+5,1 %). Ces chiffres ne font que confirmer ceux qui ont été établis au niveau national et qui sont en forte hausse. Selon l’Observatoire de la sécurité des médecins, en 2022, pas moins de 1 244 incidents ont été signalés, marquant une hausse alarmante de 23 % par rapport à l’année précédente ; 71 % concernent des médecins libéraux. Ces chiffres, aussi glaçants que révélateurs, ne sont, hélas, que la partie émergée de l’iceberg, car nombre d’entre eux restent dans l’ombr

La tenaille et le dogme

  Voilà un « en même temps » administré par la Cour des comptes dans son rapport annuel dont Emmanuel Macron se serait sans doute bien passé… D’un côté, une montagne de dettes qu’il faut absolument faire diminuer ; de l’autre un mur d’investissements pour adapter la France au réchauffement climatique qu’il faut urgemment réaliser. Ce constat en forme de casse-tête pour l’exécutif se double d’une sévère alerte des magistrats de la rue Cambon qui met à mal le "sérieux budgétaire" – cette « rigueur » qui ne dit pas son nom – dont se targue sans cesse le gouvernement. La Cour des comptes déplore ainsi le trop grand optimisme du gouvernement tant pour sa prévision de croissance que pour la trajectoire pluriannuelle 2023-2027 des finances publiques. "Nous venons de passer une année blanche sur la réduction du déficit", s’agace Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, qui évoque 50 milliards d’économies nouvelles entre 2025 et 2027. Certes, on pourra tou

Se préparer

À quoi doit-on nous attendre cet été quant à la disponibilité de l’eau ? Cette question est devenue aujourd’hui cruciale et plus seulement pour les agriculteurs. La hausse de l’intensité des sécheresses que l’on observe depuis plusieurs années sous le coup du réchauffement climatique inquiète à juste titre les Français qui s’interrogent : les pluies des dernières semaines, qui ont parfois provoqué de violentes inondations dans le nord de la France, sont-elles suffisantes pour recharger les nappes phréatiques et nous assurer des réserves pour l’été ? Pour l’heure, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) qui surveille le niveau des nappes, se montre mesuré. Si, en janvier, l’intensité de la recharge des nappes phréatiques a diminué, la situation reste généralement satisfaisante par rapport à l’année dernière mais se dégrade légèrement avec 46 % des niveaux au-dessus des normales mensuelles. Les niveaux des nappes étaient en hausse pour 51 % des points d’observation en janv

L'attente

Dix ans se sont écoulés depuis que le vol MH370 de Malaysia Airlines a disparu des radars, le 8 mars 2014 au sud de l’océan Indien, emportant avec lui 239 personnes et laissant derrière lui un sillage de questions sans réponses et une multitude d’hypothèses. Ce Boeing 777, qui s’est volatilisé peu après son départ de Kuala Lumpur pour Pékin, reste ainsi l’un des plus grands mystères de l’aviation civile moderne. Pendant toutes ces années, les hypothèses ont été nombreuses et variées, allant de la défaillance technique à l’acte délibéré, en passant par la théorie d’un détournement potentiellement terroriste ou d’une interception militaire. La journaliste Florence de Changy a soulevé dans son livre-enquête « La disparition », publié en 2021, l’hypothèse d’un abattage par l’armée américaine, une théorie controversée qui, comme les autres, manque de preuves tangibles. Patrick Blelly, ancien pilote de long-courriers chez Air France que nous avons interrogé, a, lui, échafaudé une hypothèse p

Duel de mal-aimés

  À l’issue des primaires du Super Tuesday hier, il ne devrait plus faire de doutes que Donald Trump et Joe Biden s’affronteront bien pour l’élection présidentielle américaine de novembre 2024. S’il était attendu, ce match retour entre le président sortant démocrate et son rival républicain battu en 2020 ne satisfait ni les électeurs ni les observateurs, tant il révèle le manque de renouvellement politique dans les deux grands partis. Avec Joe Biden, 81 ans, et Donald Trump, 77 ans, les Américains se retrouvent en tout cas à choisir entre deux hommes âgés, qui incarnent davantage le passé que l’avenir. Une situation paradoxale pour un pays qui a souvent misé sur la jeunesse et le renouveau, comme avec John Fitzgerald Kennedy en 1960, Bill Clinton en 1992 ou Barack Obama en 2008. Voir se transformer un peu plus la démocratie américaine en une gérontocratie pourrait décourager la participation électorale, notamment chez les jeunes et les minorités, qui peuvent se sentir exclus d’un systè

Guerres froides

C’est un spectaculaire coup de projecteur que des enquêtes de presse viennent de donner sur une période qui n’est finalement pas si lointaine et qui résonne fortement avec l’actualité du moment : la Guerre froide et comment pendant cette période d’affrontement des blocs de l’Est et de l’Ouest, des personnalités françaises ont trahi leur pays pour le compte de l’URSS et de ses pays satellites. Il y a quelques semaines, l’hebdomadaire L’Express a ouvert le bal en révélant que Philippe Grumbach, son ancien directeur, proche de François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, avait été trente-cinq années durant un agent zélé travaillant pour le KGB, à qui il a livré, moyennant d’importantes rémunérations, des informations sur des personnalités politiques et participé à de subtiles opérations de déstabilisation. Ce mois-ci, c’est le livre-choc de Vincent Jauvert, « A la solde de Moscou » (Ed. Seuil), qui révèle qu’une trentaine de personnalités françaises – journalistes, hommes politiques,

Esprit européen

   Dans 100 jours, les citoyens des 27 pays membres de l’Union européenne vont être appelés à renouveler les membres du Parlement européen, qui installeront ensuite une nouvelle Commission et c’est peu dire que ce scrutin est plus capital que jamais pour l’avenir de l’UE. La construction européenne se poursuivra-t-elle ou va-t-elle se gripper, enrayée par des élus nationalistes europhobes qui n’ont cessé de gagner du terrain ces cinq dernières années ? Cette poussée des partis d’extrême droite devrait sérieusement bousculer les trois grands groupes, Parti populaire européen (PPE), Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) et Renew. Reste à savoir jusqu’où… Selon l’ European Council on Foreign Relations (ECFR), qui a compilé les sondages dans les 27 pays de l’Union, 33 des 40 partis d’extrême droite recensés vont améliorer leur score par rapport au précédent scrutin de 2019. Neuf arriveront même en tête dans leur pays, notamment en France – où le Rassemblement natio

Président va-t-en-guerre

  En matière diplomatique, domaine réservé des présidents de la République, le moins que l’on puisse dire est qu’Emmanuel Macron sait surprendre son monde. En déplacement en Israël le 24 octobre, deux semaines après les massacres terroristes perpétrés par le Hamas, le chef de l’État exprime la solidarité de la France aux côtés de Benyamin Netanyahou… et propose une « coalition » internationale sur le modèle de celle contre Daech pour « lutter » contre le mouvement palestinien. Stupeur en Israël, dans les pays arabes, dans la classe politique française et jusqu’au sein même des équipes d’Emmanuel Macron, qui n’étaient pas au courant et doivent péniblement assurer auprès des médias le décryptage de la pensée complexe du Président. L’idée fera long feu, sèchement rejetée par nos alliés et partenaires, notamment dans les pays arabes. Quatre mois plus tard, bis repetita. Lors de la conférence de presse qui suit le sommet de soutien à l’Ukraine qui a réuni lundi à Paris une vingtaine de chef

La place des seniors

   Faut-il oui ou non imposer une visite médicale obligatoire pour les titulaires du permis de conduire à partir d’un certain âge ? Cette épineuse question dans un pays comme la France où le permis est délivré à vie revient à nouveau dans le débat public à l’occasion d’une proposition de nouvelle réglementation européenne qui sera mise au vote au Parlement européen à la fin du mois. Il s’agirait alors d’imposer aux conducteurs de plus de 65 ans de passer une visite médicale tous les 15 ans. Cette mesure, qui vise à réduire les accidents de la route impliquant des personnes âgées, suscite une controverse devenue récurrente. D’un côté, il est indéniable que le vieillissement entraîne une diminution des capacités physiques et cognitives, qui peut effectivement affecter la conduite. La vue, l’ouïe, les réflexes, l’attention, la mémoire se dégradent avec l’âge. Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), les conducteurs de plus de 75 ans ont ainsi un risque d

Urgences et surenchères

La colère des agriculteurs qui a percuté ses débuts à Matignon, effritant ses sondages flatteurs, a conduit Gabriel Attal à délaisser un peu ses habituelles astuces de bon communicant pour peaufiner ce qui pourrait devenir sa méthode, l’écoute puis l’action rapide. À un poste que l’on dit précaire – puisqu’Emmanuel Macron pourrait être tenté de revoir totalement l’architecture gouvernementale après les Jeux olympiques pour la fin de son quinquennat – le plus jeune Premier ministre de la Ve République a tout intérêt à montrer qu’il est parvenu à gérer sa première crise politique d’ampleur, qui plus est dans un domaine qui lui était totalement étranger et sous la surveillance constante et peut-être pesante du chef de l’État. Mais pour calmer la colère paysanne, qui rappelle à l’exécutif le traumatisant épisode des Gilets jaunes, le Premier ministre a-t-il trop cédé et trop vite, sur la forme comme sur le fond ? Sur la forme, la gestion Attal de cette crise agricole historique montre que

Respect

L’hôpital est un lieu de soin, de solidarité nationale, de dévouement. Il est aussi, hélas, devenu un lieu de violences. Depuis plusieurs années les faits de violences à l’hôpital contre les personnels soignants sont documentés. Chaque jour, des professionnels de santé sont victimes d’agressions verbales ou physiques, de la part de patients, de leurs proches, et parfois même de leurs propres collègues. Sans oublier les récentes intrusions au sein d’hôpitaux qui ont jeté la lumière sur d’inquiétantes failles de sécurité. Ces violences sont inacceptables et intolérables car elles mettent en danger la qualité des soins, la sécurité des personnels et des usagers, et au final la cohésion de notre système de santé. Les chiffres sont, en effet, alarmants. Les données de l’observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) mettent en avant près de 20 000 signalements de violences par an, ce qui représente environ 30 000 atteintes aux personnes et 5 000 atteintes aux biens chaque ann

Sanctuaires menacés

Il n’existe plus beaucoup de terra incognita sur la Terre, mais l’Arctique et l’Antarctique, par leur éloignement, leur mystère et leur beauté appartiennent encore à cette catégorie. Jusqu’à quand ? L’Arctique est, en effet, une région du monde qui suscite aujourd’hui de plus en plus d’intérêt et de convoitise, et subit tensions et menaces. Cette zone, qui couvre environ 8 % de la surface terrestre, recèle de nombreuses ressources naturelles. Selon certaines estimations, l’Arctique détiendrait 13 % des réserves mondiales de pétrole et 30 % de celles de gaz naturel. Ces richesses attirent les regards des pays riverains, mais aussi de ceux qui veulent y accéder, comme la Chine ou l’Union européenne. L’Arctique est aussi un enjeu stratégique et militaire, car elle représente un potentiel théâtre de conflits entre les grandes puissances dans un ordre mondial en recomposition. La Russie, qui possède la plus longue frontière arctique, y déploie toujours une forte présence militaire, avec de

Au bord du gouffre

La scène – aujourd’hui entré dans l’Histoire – se passe en octobre 2008, à Lakeville dans le Minesota. Le sénateur républicain John McCain est en campagne pour l’élection présidentielle contre le futur président des États-Unis, Barack Obama. En meeting, John McCain se livre à une séquence de questions-réponses. Une femme de l’assistance se saisit du micro et explique « Je ne peux pas faire confiance à Barack Obama […] c’est un arabe ». Agacé, le sénateur lui prend le micro des mains. « Non madame. C’est un père de famille respectable et un honnête citoyen. Il se trouve que j’ai des désaccords politiques avec lui. Et c’est de cela, et de rien d’autre, dont il est question ici. Nous voulons nous battre et je veux me battre, mais nous serons respectueux », réplique alors John McCain, qui sera plus tard hué par ses propres partisans. Seize ans ont passé depuis cette scène, autant dire une éternité à l’échelle de la politique à l’heure des réseaux sociaux. Seize ans au cours desquels le par

Equilibre

uEn faisant rapidement de nombreuses et coûteuses concessions aux agriculteurs en colère qui bloquaient les autoroutes et encerclaient Paris, le gouvernement pensait, d’évidence, s’éviter un long conflit social du type du mouvement des Gilets jaunes, qui avait traumatisé Emmanuel Macron en 2018. Les annonces de Gabriel Attal faites le 26 janvier sur une botte de foin dans une ferme haut-garonnaise de Montastruc-de-Salies, puis les autres mesures dévoilées le 1er février par le gouvernement ont fini par payer puisque les blocages ont été levés. Peu importait alors que les associations environnementales se soient offusquées des renoncements sur des mesures écologiques. Après tout, la colère paysanne était massivement soutenue par les Français qui approuvaient les revendications des agriculteurs, et les nombreuses manifestations de ces derniers partout en Europe ont contraint la rigide Commission européenne elle-même à lâcher du lest sur son Pacte vert et sa politique agricole commune, no

Bombe à retardement

  La France est confrontée à une crise du logement sans précédent, qui menace la cohésion sociale, la croissance économique et la transition écologique. Les chiffres sont, en effet, alarmants : en 2023, seulement 287 100 logements neufs ont été mis en chantier et 373 100 logements ont été autorisés à la construction, soit - 23,7 %... Cette situation est le résultat d'une conjonction de facteurs défavorables : la flambée des taux d'intérêt, qui a rendu l'accès au crédit plus difficile pour les ménages ; la hausse des prix des matériaux et du foncier, qui a renchéri le coût de la construction ; la baisse des aides publiques, comme la fin du dispositif Pinel ou la réduction du prêt à taux zéro ; la complexité des normes environnementales, ou encore la frilosité des collectivités locales... Les conséquences sont dramatiques pour le secteur du bâtiment, qui représente 5 % du PIB et 2,5 millions d'emplois. Selon la Fédération française du bâtiment, près de 100 000 postes pour

Le casse-tête de l'affaire Jubillar

L’affaire Jubillar, du nom de cette infirmière de 33 ans disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn, connaît un nouveau rebondissement. Ce jeudi 8 février, la chambre de l’instruction de la cour d’Appel de Toulouse a ordonné un supplément d’information, en raison de nouveaux éléments à « vérifier », en l’occurrence la découverte d’un échange téléphonique entre un détenu et sa mère évoquant l’affaire, révélée par La Dépêche du Midi. Les deux magistrats instructeurs vont donc devoir reprendre leurs investigations, alors qu’un procès se profilait dans quelques mois. Cette décision, qui intervient après plus de trois ans d’enquête, est un coup dur pour les parties civiles, qui espéraient voir le suspect renvoyé devant les assises pour homicide volontaire. Elle témoigne aussi de la complexité de ce dossier, qui repose essentiellement sur des éléments à charge indirects, tels que les contradictions dans les déclarations du mis en cause, les traces de san

Confiance

Les images sont spectaculaires et vite devenues virales sur les réseaux sociaux. Début janvier, un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines a frôlé la catastrophe. Quelques minutes après son décollage de Portland, l’une de ses portes s’est arrachée en plein vol, provoquant une dépressurisation brutale de la cabine. Par miracle, aucun passager n’a été aspiré par le trou béant, mais l’incident a suscité une vive émotion et une nouvelle crise de confiance envers le constructeur américain, déjà ébranlé par les deux crashs mortels de son modèle phare en 2018 et 2019. Cet événement, rarissime, nous rappelle que l’avion n’est pas un moyen de transport comme les autres. Il suscite à la fois fascination et crainte, admiration et méfiance, rêve et cauchemar. Et s’il nous fait voyager aux quatre coins du monde, il nous expose aussi à des risques que nous ne maîtrisons pas. Pour autant, les statistiques sont formelles : l’avion est bien le mode de transport le plus sûr qui soit. Selon l’Association du t

Agricultures

La colère du monde agricole qui s’est levée en Occitanie avant de s’étendre à tout le pays – en résonance avec l’exaspération des agriculteurs partout en Europe face aux incohérences des politiques agricoles et du Pacte vert de l’UE – a permis de mieux mesurer l’importance et les difficultés de l’agriculture pour penser notre souveraineté alimentaire… ou plutôt des agricultures. Car contrairement à d’autres mouvements de protestation par le passé, organisés nationalement par la FNSEA ou les JA le plus souvent, celui-ci a commencé hors cadre syndical, de la base, de petites exploitations, d’agriculteurs – souvent jeunes – qui veulent conjuguer la passion de leur métier, l’attachement à leur territoire, à leurs racines, et leur volonté de faire de bons produits en en vivant correctement. Ces paysans d’Occitanie, comme François Manent avec lequel nous avons passé 24 heures dans sa ferme de Saint-Pé-Delbosc, en Haute-Garonne, incarnent cette agriculture familiale bien différente des méga-e

Adroit, à droite

Ceux qui estimaient qu’Emmanuel Macron avait quasiment fait une déclaration de politique générale de Premier ministre lors de sa conférence de presse du 16 janvier et que Gabriel Attal ne serait finalement que le porte-parole des mesures détaillées par son mentor, en auront été pour leur frais. Hier à la tribune de l’Assemblée nationale, Gabriel Attal a voulu montrer que tout n’avait pas été dit, tout n’avait pas été explicité et qu’il entendait bien exercer pleinement ses prérogatives de chef du gouvernement et de la majorité. Percuté par la colère paysanne, son discours – qui intervenait 21 jours après sa nomination, un record, et sans que son gouvernement ne soit au complet – a fait référence à plusieurs mesures spécifiquement destinées aux agriculteurs, mais c’est bien tous les thèmes qui font une politique globale qui ont été abordés : autorité, sécurité, emploi, école, logement, déserts médicaux, lutte contre la drogue, Service national universel, transition écologique, fin de vi

Lueur d'espoir

La série télévisée américaine « Cold cases », qui met en scène une équipe de policiers spécialisés dans les affaires classées non résolues, a contribué à sensibiliser le grand public à cette problématique. Mais la réalité dépasse souvent la fiction. Car, aux États-Unis comme en France, ils sont des centaines à attendre, depuis des années, parfois des décennies, que la vérité éclate sur le sort de leur enfant, de leur frère ou sœur, de leurs proches, victimes de crimes non élucidés. Ces familles, parfois oubliées, ont un impérieux besoin de savoir, de comprendre pour pouvoir, peut-être, espérer faire leur deuil. Et elles comptent sur la justice pour que, justement, justice soit rendue. Leur détresse et la nécessité de retrouver les coupables de crime ont conduit la justice française à se doter d’un dispositif spécial, lancé après l’adoption de la loi pour la confiance dans la justice promulguée en décembre 2021. Depuis bientôt deux ans, un pôle judiciaire dédié aux affaires criminelles

L'épreuve du feu

Le moins que l’on puisse dire est que Gabriel Attal n’aura pas profité du moindre état de grâce après sa nomination surprise comme Premier ministre le 9 janvier dernier et qu’en moins de 15 jours il a déjà pris la mesure de cet « enfer de Matignon » expérimenté peu ou prou par tous ses prédécesseurs. Mais peu d’entre eux ont eu à affronter si rapidement après leur prise de fonction une crise aussi majeure que celle née en Occitanie ce mois-ci : la colère du monde paysan. Pour le très parisien jeune Premier ministre, qui n’a aucune expérience du monde agricole ni ne dispose d’un solide réseau d’élus locaux – et qui, depuis 2017, s’est davantage illustré par son aisance dans la communication et le maniement d’éléments de langage que par la construction d’un solide bilan politique – résoudre cette crise s’apparente à une redoutable épreuve du feu… qui peut toutefois lui donner l’occasion de dessiner une « méthode Attal ». Ce chemin de crête l’a amené hier en Haute-Garonne, épicentre de la

Se faire entendre de Paris

Dans un pays aussi centralisé que le nôtre, où le jupitérien président la République s’est montré, depuis sa première élection en 2017, bien plus jacobin que girondin, chacun sait que les colères sociales qui grondent en province ne se font bien entendre – et bien comprendre – que lorsqu’elles résonnent aux portes des préfectures ou dans les rues de la capitale. Et cela est particulièrement vrai pour les manifestations agricoles qui, à côté du déversement de fumier ou de lisier, à côté des barrages routiers et des opérations escargot dans les « territoires », ont fait de la « montée sur Paris » le point culminant à même de faire basculer leurs revendications. La marche des bergers sud aveyronnais contre l’extension du camp militaire du Larzac qui avaient fini, en 1978, avec leurs brebis sous la Tour Eiffel, les grandes manifestations à Paris en 1982 ou en 1991 contre la réforme de la politique agricole commune (PAC), celles plus récentes, en 2014, pour demander « un nouveau plan loup e